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« Beaucoup de feuilles et peu de fruits*» Première campagne d’Audrey Gordon, documentaire, 1h07’


Le pitch du film est simple : la réalisatrice-opératrice de prises de vues, Audrey Gordon, suit une journaliste du service politique de France 2, Astrid Mezmorian[i], qui suit elle-même la campagne de Macron (cette campagne est une première pour les deux, d’où le titre), ce qui donne lieu à quatre types de séquences : reportage sur le terrain selon un agenda dicté par celui de Macron, préparation (avec l’équipe en fonction de la commande explicite de la hiérarchie) et post production (montage et enregistrement des commentaires du sujet), séances de travail avec la cheffe du service politique, Nathalie Saint-Cricq, et scènes sur un registre plus intime, partiellement réflexif. Vu la brièveté relative du film, et donc le nombre limité de séquences, l’équilibre entre ces différents registres donne une vision cohérente, variée et significative du travail journalistique, tel qu’il se pratique et se pense lui-même.


L’affiche nous raconte efficacement l’enjeu de cette narration : Macron, en arrière-plan les bras levés en signe de victoire ou d’adresse à une foule qui n’est pas représentée, est flou parce que le « point » est fait sur Astrid de profil au premier plan, qui ne le regarde pas, le front posé sur la paume de la main droite, dans une attitude qui suggère l’épuisement, voire la consternation, et/ou la réflexion dans la tourmente d’un possible meeting. Cette image n’apparait pas telle quelle dans le film (elle est issue d’une scène où Astrid est embarrassée par le contenu d’un reportage alors qu’elle enregistre un commentaire en studio), c’est un montage donc, mais elle fonctionne comme une déclaration d’intention : le sujet du film, c’est la journaliste au travail et non le politique. La citation promotionnelle, due à un critique de France Inter (Laurent Delmas) renforce l’idée : « la naissance d’une journaliste politique », assertion sur laquelle je reviendrai avec une interprétation quelque peu décalée[ii]


Autant le dire tout de suite : le film est bon pour ce qu’il dit, ce qu’il ne dit pas et ce qu’il dit à son insu, et peut-être contre son gré. Il est bon parce qu’il adopte des partis de réalisation forts, radicaux et qu’il s’y tient rigoureusement.

Audrey Gordon se focalise sur la journaliste, sur son travail et la manière dont elle le comprend, le vit. Astrid est une bonne cliente, comme on dit dans le jargon de la télévision : elle occupe très bien l’espace de l’image parce qu’elle est vive, drôle, spontanée, déterminée. Elle se donne même à voir comme touchante, quand elle s’inquiète par exemple de son maquillage avant un direct stressant et demande carrément, et à deux reprises : « je ne suis pas laide ? ».


Et de fait, elle est tout le temps à l’image (ou quasiment) et très souvent seule. Quand elle discute avec ses techniciens, avec certains de ses responsables, quand elle interviewe quelqu’un, cette personne est la plupart du temps hors champ, ou au téléphone, sauf Macron ou sa cheffe de service, Nathalie Saint-Cricq, qui sont parfois à l’image avec elle. Par contre, quand le candidat s’exprime en meeting ou à la télévision, on ne le voit pas parce que la caméra ne quitte pas Astrid, à l’affût de ses réactions, ou de ses absences de réactions. Dans une séquence étonnante, alors qu’il s’exprime sur le plateau de France 2, la réalisatrice fait le choix de nous montrer, en train de l’écouter dans un coin du studio, Astrid, debout, à proximité de Brigitte Macron et Nathalie Saint-Cricq qui, elles, sont assises côte à côte. Elles sont toutes les trois impassibles : c’est compréhensible parce que les propos que l’on entend, assez mal d’ailleurs, sont plutôt insignifiants. Il ne se passe rien dans ce long plan, qui dure 22 secondes tout de même, si bien qu’il ne nous apprend rien sinon, et ce n’est pas rien en réalité, qu’il y a une hiérarchie dans la proximité avec le pouvoir : Astrid, dans une position subalterne, n’est pas invitée à s’asseoir.


Ce choix de réalisation est d’une grande efficacité parce qu’il immerge le spectateur dans le point de vue d’Astrid, j’allais dire dans son obsession, pour reprendre les termes des frères Dardenne à propos de leur personnage principal, Rosetta, dans le film éponyme : Emilie Dequenne, qui en est l’interprète, ne quitte pas l’image et, qui plus est, souvent en plan serré. Les réalisateurs expliquent que ce dispositif permettait « à la caméra d’être plus encore dans l’obsession de Rosetta, d’avancer avec elle et seulement avec elle, nous interdisant de sortir du cercle étroit et obstiné de son regard en faisant appel à un autre regard qui se serait interposé[iii] ».


Cette remarque vaut aussi pour Première Campagne et introduit parfaitement le deuxième parti pris fort de réalisation : il n’y a pas de contextualisation, ni de mise en perspective, que ce soit de la campagne électorale ou du travail journalistique. Il n’y pas de voix off explicative ni d’interviews posés d’Astrid ou de ses partenaires dans le travail. Et il n’y a pas de recul réflexif sur la pratique du journalisme politique qui n’est pas interrogée, ou très peu, et seulement par les acteurs eux-mêmes (Astrid surtout et son cameraman un peu). Elle est prise sur « le vif », dans l’instant. Nous n’en savons pas plus qu’elle ni elle plus que nous. C’est l’effet produit sur le spectateur, effet qui participe au processus d’identification, ou à tout le moins de proximité, avec la protagoniste. De plus, on ne voit jamais le résultat de son travail, c’est- à-dire les reportages terminés et diffusés. Nous sommes, avec Astrid, à flux tendu.


Cette absence de contextualisation va loin puisque nous ne savons quasiment rien de la journaliste et ce n’est que vers la fin du film, dans une scène de confidence à son caméraman, qu’on apprend comment elle a été jetée dans le bain, du jour au lendemain. Quoique dotée d’une expérience de cinq années de journalisme télévisé (cette information a été glanée sur internet !), elle est totalement novice dans cet exercice très particulier du suivi d’une campagne électorale et, de plus, elle n’y est pas du tout préparée : Macron entre en campagne le 30 aout 2016, et le lendemain, pour son premier jour au service politique de la chaine, on lui dit que ce n’est même pas la peine qu’elle passe « par la rédac », parce qu’elle doit aller directement sur le terrain pour suivre le ministre démissionnaire de l’économie. Les journalistes chevronnés sont occupés ailleurs et c’est donc à elle qu’échoit le début de campagne de celui qui n’est pas encore officiellement candidat, et encore moins le favori de l’élection. Or cette impréparation est parfaitement bien montrée dans la scène initiale du film qui n’est factuellement pas sa première expérience de terrain, mais, dans la narration, fonctionne comme telle : elle prend l’allure d’un bizutage.


En effet, Astrid débarque dans la précipitation à un meeting en province avec une commande précise. Elle doit trouver, en trente minutes, des électeurs de Hamon qui vont voter Macron selon une argumentation en trois temps présentée ainsi : la campagne du socialiste patine, il y a un danger Le Pen et une dynamique Macron. Or ces éléments tendanciels sont d’emblée considérés comme acquis, indiscutables, et il s’agit juste pour elle de procéder à une validation sur le terrain. L’enjeu du « reportage » est faible, à peu près nul sur le plan politique, d’autant que, dans cette équation, il y a deux absents et de taille : Mélenchon et Fillon ! La rédaction de France 2 a déjà choisi ses finalistes et acté le siphonnage de l’électorat socialiste par Macron (en omettant un déplacement similaire vers le candidat de la France Insoumise, probablement suivi par un autre reporter, division du travail journalistique oblige).


Or, comme Astrid ne trouve pas son néo-macroniste archéo-hamoniste, elle interpelle à voix haute la maigre foule des participants au meeting et s’attire cette réplique cruelle de l’un d’eux : « c’est une blague ? ». Elle finit par trouver juste à temps le témoignage recherché qu’elle envoie dans la minute même à la rédaction pour le journal du soir.


Cette scène, qui est le pré-générique, est un condensé pur de tout ce que sera, par la suite dans le film, le traitement dépolitisé de la politique par la rédaction. Le reporter, qui porte très mal son nom, serait plutôt un « importer » qui ne vient pas enquêter, voir, analyser ce qu’il en est sur le « terrain » mais plaque sur lui, à la manière d’un pochoir, une approche sélective, partielle, orientée : le seul but est de valider sur le terrain une argumentation élaborée hors du terrain.


Le slogan promotionnel du film, la naissance d’une journaliste politique, mérite d’être reformulé de cette manière plus juste : l’acculturation d’une journaliste aux codes d’un traitement dépolitisé de la politique. Je pourrais reprendre une à une les occurrences de la question politique telle qu’elle apparait dans le film et les analyser avec le même prisme : je vais me contenter, pour rester succinct, de les énumérer en procédant à un chapitrage (tambouille politicienne, peopolisation, travail en acte).


La tambouille politicienne :

- à propos d’un meeting à Bordeaux au cours duquel Macron rend un hommage ouvertement racoleur aux maires successifs de droite, Chaban-Delmas et Alain Juppé, elle enregistre le commentaire suivant : « embarrassé par l’afflux d’électeurs socialistes, Emmanuel Macron voulait flatter l’électorat de droite », qui doit être mis en parallèle avec la réponse pas du tout embarrassée de Macron : en gros, les autres doivent gérer les défections, nous, les ralliements, c’est plus facile…

- lors d’un bain de foule du candidat, elle lui pose cette question : « tout le monde s’inquiète de savoir avec qui vous allez gouverner, il y aura au moins une personne, Le Drian ». Astrid est-elle vraiment certaine qu’une telle « inquiétude » est partagée par tout le monde ? Bien sûr que non : elle relaie les obsessions du microcosme politico-médiatique pourtant largement décorrélées des préoccupations plus prosaïques de ceux qui votent ou de ceux qui ne votent pas, peut-être parce qu’ils ne se reconnaissent pas dans cette présentation, sans enjeu, des questions politiques (mais c’est un sujet bien plus large, évidemment).


La peopolisation :

- Lors d’un déplacement en Corse, Astrid, pose à Macron une question lourde de connivence, voire d’obséquiosité : « Napoléon a pris le pouvoir à 40 ans est ce que vous voulez battre son record ? » et n’obtient qu’une réponse sans aucun intérêt. Elle s’en sort bien car elle commet une erreur embarrassante, qui a visiblement échappé au candidat ainsi qu’à ceux qui ont travaillé sur le film, puisque le 18 Brumaire de l’an VIII (1799), Napoléon avait 30 ans et non 40. Macron, alors à l’aube de la quarantaine, est loin de battre son record, ce qui n’a évidemment aucune importance et encore moins de signification politique.

- Au téléphone, Nathalie Saint-Cricq lui explique que, selon des politologues, la cristallisation du vote s’opère deux mois avant l’élection : elle entend par là le moment où le choix de l’électorat se fige et devient presque définitif. Cependant, pour illustrer cette « théorie », pour le moins discutable, elle ne mobilise pas le sens scientifique pourtant très adéquat de ce beau mot de cristallisation (passage d’une substance gazeuse ou liquide à l’état solide), mais recourt à une référence autrement plus élégante et romanesque : elle évoque Stendhal, qui désigne ainsi le moment où l’amoureux pare l’objet de son désir de toutes les perfections. Nathalie Saint-Cricq migre d’un registre politique à un autre, psychologisant, voire affectif. Astrid vérifie vite fait sur son smartphone le sens littéraire de la formule et posera à Macron une question terriblement gênante : il y répond avec une extrême prudence, témoignant de sa réticence à assumer lui-même le répertoire de la passion qui qualifierait le rapport de l’électorat à sa propre personne[iv]. Astrid avait anticipé le caractère dérangeant de la consigne qu’on lui imposait : « ça va être drôle » dit-elle ; « dans la meute (i.e : la foule des admirateurs et des confrères) ça va être marrant » ajoute son cameraman. Et Astrid de conclure : « d’ailleurs, il faut que je sois dans une grande proximité pour lui poser cette question sinon je vais me taper une honte absolue et d’autre part il ne me répondra que si on est près ».

- Lors d’une expédition dans les Pyrénées, largement mise en scène par Macron lui-même et couverte complaisamment par la presse, et alors qu’elle qualifie avec sarcasme, à l’intention de sa seule équipe, la situation de « sketch » et de « carte postale », Astrid n’hésite pourtant pas à aller dans le sens du narratif du candidat en lui posant une question obligeante sur le pèlerinage qu’il effectue sur les lieux de vacances de son enfance chez sa grand-mère. Après le registre littéraire prestigieux, celui du sacré vise un cran au-dessus dans la fabrication médiatique du vainqueur de l’élection, parce qu’à ce stade, celle-ci est apparemment déjà « pliée ».


Le travail en acte :

- Dans tout le film, il n’y a que deux séquences où on assiste à l’élaboration avec Nathalie Saint-Cricq de sujets de reportages. Dans la première, assez brève, la cheffe du service politique énumère rapidement quatre thèmes liés à la campagne, en précisant pour les trois premiers qu’ils ne concernent pas Astrid. Ce passage est intéressant parce qu’il montre la division du travail journalistique, déjà évoquée : elle circonscrit chaque reporter à un champ restreint du paysage politique, celui du candidat qu’il suit ou du thème qu’il traite, et laisse à la seule cheffe l’élaboration de la vision globale qui lui confère la légitimité et l’autorité de donner les consignes pour la valider sur le « terrain ». On a, à cette occasion, la clé de compréhension de ce qui pilotait le travail d’Astrid quand elle était en reportage.

- La deuxième concerne la fabrication d’un reportage sur le Service National Universel, la seule mesure concrète réellement proposée par le candidat En Marche. Le but est d’expliquer le projet, dans sa finalité, son financement et surtout d’équilibrer les réactions, d’autant que, d’après Astrid, « tout le monde le dézingue », ce à quoi, sa cheffe répond : « non, le général (un des témoins interviewés) est plus tempéré, il dit à la fois, c’est pas forcément aux militaires de faire ce genre de choses, mais le fait que les jeunes soient approchés par l’institution militaire, c’est quelque chose d’intéressant et lui, il faut le prendre un peu plus long si les autres sont désagréables ou disent que c’est une imbécillité ». Il y a une dimension « bricolage » intéressante et une justification troublante du projet macroniste. Il y a dans cette scène un détail de mise en scène susceptible de ravir les mauvais esprits : Nathalie Saint-Cricq est debout derrière Astrid assise devant son ordinateur et tient à la main dans son dos, comme si elle le dissimulait à son interlocutrice, un exemplaire du Figaro : on ne voit que lui. C’est un détail, je le répète, ou pas.


La pauvreté du contenu rédactionnel de l’information produite est d’autant plus frappante qu’à différentes reprises, Astrid, qui a de l’esprit, témoigne d’une capacité réflexive pertinente sur son métier et la manière dont elle est amenée à le pratiquer. On l’a vu à propos de la « cristallisation » ou du « pèlerinage » macroniste sur les terres de son enfance : dans ce dernier cas, même si elle moque un « sketch », elle ne semble pas disposée pour autant à en faire la matière d’un reportage forcément irrévérencieux, à supposer qu’elle en ait, bien évidemment, la latitude. Pourtant, quand elle s’enquiert auprès de l’équipe du candidat de la présence à un meeting de Vincent Lindon, qui était annoncé mais qu’elle n’a pas vu, elle dit, dépitée : « j’ai authentiquement l’impression de bosser pour Gala » ! Et à son cameraman, qui confie son addiction à l’excitation liée au rythme frénétique de leur activité, elle réplique qu’elle « trouve déséquilibrant émotionnellement d’être en surchauffe » parce que « l’excitation n’est pas proportionnelle à la réflexion ». Elle se plaint aussi « de n’avoir pas pu poser des questions de fond, il n’y a pas l’espace pour », auprès d’un vieux briscard, caricaturalement installé les pieds sur une table encombrée, qui trouve la campagne pas intéressante, « moins intellectualisée que les autres » et prononce cette sentence empreinte de résignation critique : « le long terme n’est que du court terme renouvelé ».


Or cette dimension critique, Astrid et Audrey Gordon, la réalisatrice du film, ne la revendiquent pas du tout ; on a même le sentiment qu’elles s’en défendent obstinément, comme on peut le constater dans l’émission que le site Arrêt sur Images leur a consacré le 12 avril 2019, peu avant la sortie du film en salles. Astrid se targue d’avoir une totale indépendance d’esprit, vantant la possibilité d’exercer pleinement sa liberté dans une rédaction où elle est très fière de travailler. C’est important qu’elle l’affirme avec tant de conviction parce que ce n’est pas exactement ce que montre le film. Il y a là de quoi s’interroger sur les limites d’un discours possible sur l’exercice d’un métier où la liberté est une valeur d’autant plus encensée qu’elle est de toute évidence très limitée dans la pratique réelle : l’urgence permanente, les contraintes de la hiérarchie, la proximité complaisante avec le pouvoir, aboutissent à un aplanissement de la question politique, rendue insignifiante. Après avoir vu Première Campagne, on a beaucoup appris, et de manière vivante et sympathique, sur le métier de reporter mais rien sur les enjeux politiques de l’élection présidentielle de 2017, pas plus qu’Astrid elle-même. Autant d’intelligence, d’énergie et d’enthousiasme sincère pour un aussi maigre résultat, voilà de quoi nous interpeller sur la misère du journalisme.


* Ce titre est emprunté à Voltaire à propos d’une de ses relations, lord Borlinbrocke , écrivain prolifique, au talent incertain : « dans ses livres, il y a beaucoup de feuilles et peu de fruit ». Cité par Jean Orieux, Voltaire, Flammarion – 1977 – tome 2 p.324 [i] Que je vais me permettre par la suite d’appeler par son seul prénom comme on le fait habituellement pour un personnage de fiction [ii] Je réalise que je n’ai jamais fait pour les autres films d’analyse de l’affiche et c’est une lacune ; l’affiche appartient au film, elle le nomme et délivre une promesse : sera-t-elle tenue ? [iii] Avant-propos du scénario de Rosetta – Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma – 1999 – p.9 [iv]Chose extraordinaire, dans ma recherche en ligne sur cette notion confuse, je suis tombé en premier sur un court article de France Info en date du 16 avril 2017 (https://www.francetvinfo.fr/elections/lexique-de-campagne-c-est-quoi-la-cristallisation_2148936.html) qui diffuse l’intégralité du reportage d’Astrid, renforcé par l’indéniable expertise du toutologue Raphaël Enthoven. Astrid, qui, comme la plupart d’entre nous sans doute, ignorait, on l’a vu, le sens de l’expression, devient une « source », ce qui illustre une nouvelle fois ce phénomène de « circulation circulaire de l’information » décrit par Pierre Bourdieu (Sur la télévision, Raison d’agir, 1996, p.22)

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